Rentrée des Chefs d’établissement
DDEC Marseille
19-20 septembre 2016
La responsabilité politique du chef d’établissement
Christian Salenson
ISTR-ICM Marseille.
Au moment où nous avons convenu avec Françoise Gaussens du sujet de cette intervention pour la session de rentrée des chefs d’établissement, nous ne savions pas que l’été serait endeuillé par les événements graves, en France et à l’étranger, mais tout particulièrement bien sûr les événements de Nice et l’assassinat de Jacques Hamel au cours de la célébration de l’eucharistie. Ce sujet – la responsabilité politique des chefs d’établissement – me paraît aujourd’hui avoir acquis une sorte de nécessité et d’actualité en ce qu’à la fois il épouse la situation présente et permet dans le même temps la distanciation nécessaire à tout véritable exercice de responsabilité. Il est en effet hors de question de ne voir la vie de la société qu’au travers de ce prisme déformant tout comme de ne pas le prendre en compte.
Disons aussi tout de suite que dans mon esprit, il est hors de question en parlant de responsabilité politique de vouloir rajouter de la responsabilité à une responsabilité de chef d’établissement déjà bien trop lourde, ni de nouveaux impératifs à des injonctions réglementaires que d’autres se chargeront de vous faire parvenir et encore moins de vouloir faire compenser par l’école les incuries d’une société livrée à une idéologie dont nous voyons les fruits amers. Je vous invite plutôt à prendre de la hauteur dans une responsabilité que vous exercez déjà. En effet en ayant la charge d’un établissement scolaire, vous êtes des hommes et des femmes en responsabilité politique. Qu’est-ce qui est plus politique que d’introduire une nouvelle génération dans le cours de l’histoire d’une société en lui permettant comme le dit si fortement Hanna Arendt à la fois de pouvoir s’y intégrer et en même temps la bousculer en apportant sa part de nouveauté[1]. Dans toutes les sociétés, ceux qui ont été en charge de l’inculturation des jeunes générations ont eu une responsabilité politique décisive pour la vie de la Cité. Ils furent toujours exposés à ce que la Cité se retourne contre ces passeurs en leur reprochant de ne pas remplir leur fonction, voire de pervertir la jeunesse. Il leur disait « il ne faut pas que parviennent au pouvoir ceux qui en sont amoureux. Dans ce cas nous n’aurons que la guerre des prétendants ». La traduction est de Alain Badiou[2]. Socrate en est mort. La responsabilité de chef d’établissement est une très belle responsabilité, un peu risquée il est vrai…
La responsabilité pastorale du chef d’établissement.
La responsabilité de chef d’établissement est essentiellement une responsabilité pastorale. La responsabilité pastorale englobe toutes les autres. Contrairement à ce que beaucoup pensent encore, la responsabilité pastorale n’est pas la responsabilité de l’animation pastorale.
Vous connaissez le débat qui a eu lieu, il y a quelques années. Certains évêques disaient qu’ils voulaient renforcer le caractère catholique des établissements en particulier en obligeant l’ensemble des élèves à des pratiques chrétiennes, mais ils faisaient courir le risque à l’enseignement catholique sous contrat de ne plus correspondre au service public. Certains ne voulaient pas que des laïcs aient la responsabilité pastorale de l’établissement eu égard au fait qu’ils étaient des laïcs. Ils affirmaient que cette responsabilité ne relève que de la responsabilité des prêtres. Mais ils réduisaient de facto la responsabilité pastorale à la responsabilité de l’animation pastorale : première annonce, catéchèse, célébration, sacramentalisation. Ainsi paradoxalement ils réduisaient la pastorale à une seule dimension de la mission. La rédaction du nouveau statut de l’enseignement catholique est venu largement clarifier la question. La responsabilité pastorale du chef d’établissement fut non seulement reconnue et affirmée mais elle fut précisée et renforcée. Dans le nouveau statut, elle englobe toutes les autres responsabilités. Je cite l’article : « Avec la responsabilité pastorale que lui confère la lettre de mission, le Chef d’établissement a la charge éducative, pédagogique, administrative et matérielle de l’établissement [3]». Comprenons bien ! D’une certaine manière, la responsabilité pastorale est votre seule responsabilité ! Toutes les responsabilités sont à vivre de manière pastorale. Pourquoi ? L’Ecole n’est pas une institution qui ferait un peu de catéchèse parce que rattachée à l’Eglise. Elle est l’Eglise en acte, un sujet ecclésial disait le pape Jean Paul II dans l’Eglise au seuil du troisième millénaire.
Permettez-moi de poursuivre la réflexion en ecclésiologie. Votre statut ecclésial comme chef d’établissement relève de la question des ministères dans l’Eglise. J’ai relu attentivement le statut à la lumière de ce qu’en disait Paul VI dans un texte sur les ministères, ministeria quaedam. On peut en conclure que votre responsabilité de chef d’établissement est un ministère. Certains évêques ou certains prêtres n’aimeraient pas que je vous dise cela, mais ils auraient de la peine à contredire cette réflexion. Dans l’Eglise, il existe différents types de ministères. Les ministères ordonnés relèvent du sacrement de l’ordre et comprennent l’épiscopat, le presbytérat et le diaconat. Ensuite viennent les ministères institués tels que le ministère de lecteur ou de catéchistes dans les églises d’Afrique. Ils sont peu développés en France mais j’ai un ami qui est lecteur. Il est spécialiste de la Bible. Il a un ministère à vie. Puis viennent les ministères confiés qui sont « pour un temps », qui sont confiés à des hommes ou à des femmes. Or tous ces ministères ont en commun d’être des ministères pastoraux. Ils participent tous à la fonction pastorale. Je crois qu’il est difficile de contester que la responsabilité de chef d’établissement est un ministère confié. J’en veux pour preuve la lettre de mission que vous recevez. La lettre de mission n’a pas pour objet uniquement l’animation pastorale (catéchèse, célébration etc. ) Elle a pour objet l’ensemble de votre responsabilité car tout est pastoral. Cela signifie que vous êtes exercez une responsabilité de pasteurs confiés par ceux qui ont reçu la charge pastorale, l’évêque et son presbyterium. Comme eux, vous êtes appelés à le vivre à la suite et à l’imitation de Jésus. Jésus est le bon pasteur en ce qu’il connaît chacun par son nom, qu’il va chercher la brebis perdue ou blessée et qu’il la porte sur ses épaules, parce qu’il ouvre des portes et fait sortir son troupeau vers de bonnes nourritures etc. On peut filer la métaphore dans le prolongement du chapitre 10 de saint Jean. Jésus est le pasteur de l’humanité et de toute humanité. Il n’est pas le pasteur simplement de ceux qui confessent leur foi en lui. Aussi l’évêque et les prêtres sont pasteurs de tous et pas uniquement de catholiques. Aussi l’école catholique est-elle ouverte à tous, comme le dit le statut, non pas seulement à cause du contrat qui lit l’enseignement catholique à l’Etat mais à cause même de la responsabilité de l’Eglise par rapport à la famille humaine. Le statut le dit très bien : « Conformément à la mission qui lui a été confiée par le Christ, elle (L’Eglise) s’adresse à tous les hommes et à tout homme, aussi par choix pastoral l’Ecole catholique est-elle ouverte à tous, sans aucune forme de discrimination [4]».
Cette responsabilité ne peut être déléguée à personne. Elle est unique. Personne d’autre n’a reçu de lettre de mission sauf l’APS et surtout pas le président d’OGEC ou le président de l’Association ou tout autre administratif. Cette lettre de mission dit votre responsabilité unique. Elle est le signe de l’appel pastoral que vous avez reçu et de la réponse que vous inventez.
Désormais et durant le temps où vous occuperez cette charge, votre vie spirituelle sera marquée par cette figure du Christ bon pasteur. Vous inventez au fil des jours, des situations, des rencontres des enfants, des jeunes, de votre équipe enseignante, du personnel des attitudes et des gestes qui disent cette bienveillance pastorale. Parfois vous êtes insatisfaits de telle parole que vous avez dite ou de telle attitude que vous avez eue. D’autres fois vous êtes mieux accordés à cet idéal. Chacun invente une vie spirituelle qui lui permet de se tenir en authentique pasteur quand il gère l’établissement, quand il veille à la qualité de la cantine, quand il se rend présent à l’un de ses enseignants touché par la maladie ou par un deuil dans sa famille. Il faut faire preuve d’imagination mais il est nécessaire de prendre un peu de temps pour nourrir cette intériorité et ne pas se laisser emporter par le tourbillon des affaires. Il est bon que vous preniez quelques minutes par jour pour lire le texte du jour et aussi que vous relisiez de temps en temps telle ou telle rencontre.
La lettre de mission est le signe de votre participation à la charge pastorale. Je crois d’ailleurs qu’il y aurait un travail à faire sur les lettres de mission pour qu’elles soient moins administratives ou une feuille de route. On gagnerait à ce qu’elles aient une tonalité plus évangélique qui donne le sens de la responsabilité et en confie l’autorité.
La responsabilité pastorale est une responsabilité politique
La responsabilité pastorale est une responsabilité politique. Cette formule peut surprendre au premier abord selon l’idée que l’on se fait aussi bien de la pastorale que de la politique. Nous devons préciser les termes et leur rapport.
La pastorale est l’ensemble du projet éducatif de l’établissement. Les mots nous trompent. Par facilité de langage, nous disons souvent la pastorale pour désigner des activités qui relèvent de l’animation pastorale. Mais le statut de l’enseignement catholique est très clair à ce sujet. Le projet éducatif est pastoral ou bien il ne l’est pas ! Le projet pastoral est le projet éducatif de l’établissement. Les projets d’établissement ne sont plus ou moins pastoraux et certains mériteraient une réécriture. Cela dépend de leur tonalité évangélique. Parfois on appelle certaines valeurs « des valeurs évangéliques » alors qu’elles n’en sont pas et ne sont souvent alors que des valeurs bourgeoises ripolinées d’une apparence d’Evangile. Il est intéressant de regarder les priorités éducatives. S’il s’agit de former au sens de l’effort, cela n’est pas sans intérêt mais ce n’est pas une valeur chrétienne, pas plus que le travail. On aura intérêt à ne pas confondre un audit d’entreprise et une visite de tutelle et à ne pas confier à un organisme de management l’écriture d’un projet d’établissement pour lequel il n’a pas la connaissance évangélique voulue, ni la connaissance du charisme de la congrégation, ni le savoir voulu sur le caractère propre.
Pourquoi la responsabilité politique est-elle pastorale ? Pour une raison simple mais trop souvent occultée. Parce que la mission de l’Eglise n’a pas pour but la croissance de l’Eglise ou son succès, contrairement à une idée très répandue, héritée du paradigme missionnaire de la période moderne et surtout coloniale. Le but de la mission est l’avènement du Royaume de Dieu qui ne se confond pas avec l’Eglise catholique. L’Eglise ne travaille pas pour elle mais pour la croissance du Royaume dans le monde. Le pape François dénonce cette pathologie de l’Eglise se se mettre toujours au centre. Il dénonce une Eglise autoréférente. Le dessein de Dieu, selon la révélation chrétienne, est l’avènement d’une humanité où tout homme soit respecté, ait les moyens de vivre et de grandir, où l’étranger et le réfugié ont leur place etc. Le jugement dernier est fourni dans le texte du jugement dernier de Matthieu 25. La fin du monde : on peut la penser comme l’événement apocalyptique de la fin mais aussi comme la finalité du monde. Le Christ dit aux élus « j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger, j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire » etc. on peut poursuivre la liste : « j’étais ignorant et tu m’as enseigné… ». Les élus sont tout surpris : quand est ce que nous t’avons vue ayant faim ou soif, malade nu ou en prison ? Et la réponse tombe : chaque fois que vous l’avez fait à un de ces petits, c’est à moi que vous l’avez fait ! Beaucoup de chefs d’établissement à la fin des temps seront très surpris quand ils s‘entendront dire tout le bien qu’ils ont fait sans même s’en rendre compte !
Ainsi donc la responsabilité pastorale de l’Eglise a pour but à la fois l’avènement des personnes à leur pleine humanité et l’avènement d’un monde selon le Royaume de Dieu. L’Ecole catholique s’inscrit dans ce dessein de Dieu.
Le chef d’établissement est un expert de la vie politique
Ainsi parce que le chef d’établissement doit introduire cette nouvelle génération dans le monde, il est particulièrement sensible à la vie du monde. Le plus grand danger auquel vous êtes exposés est d’être de bons managers. Je n’ignore pas toutes les contraintes administratives, budgétaires, scolaires, ecclésiales même qui pèsent sur vous et moi qui vous considère avec la dignité de pasteur, à la suite du bon pasteur qui est le Christ, je prie parfois pour vous (c’est vrai !) pour que vous soyez moins bon en management qu’expert en humanité ! que vous ayez moins l’esprit d’entreprise que l’esprit évangélique ! que vous soyez moins dans le devoir qui vous culpabilise et plus dans la liberté des enfants de Dieu, que vous puissiez déployer toute votre dimension humaine, d’intelligence du monde, de compréhension des situations, de gratuité de la relation.
Mon esprit critique me fait penser que l’idéal pour la République serait que les chefs d’établissement ne réfléchissent pas trop, soient de dociles exécutants, et donc de leur proposer l’idéal néolibéral – qui sacrifie la politique à l’économique – d’être de bons managers. Et moi je pense que vous devez tout relire, recevoir et interpréter à la lumière d’un autre sens de l’homme et de la vie que celui qui nous conduit dans le mur – et aussi qui dresse des murs ! – comme on le voit aujourd’hui. On assigne comme but à l’Ecole de former des bons citoyens ? Je ne crois pas que le but de l’Ecole soit de former des citoyens. Le débat qui a agité Robespierre et Condorcet à ce sujet m’a éclairé. Ils voulaient l’un et l’autre conserver les acquis de la Révolution et ils avaient compris l’un et l’autre que cela passait par l’éducation et par l’école. Pour atteindre ce but commun, ils préconisaient des solutions opposées. Robespierre assignait à l’école de former des révolutionnaires. Condorcet ne partageait pas ce point de vue et estimait qu’il fallait former des hommes libres, à l’esprit critique et qu’ainsi ils seraient capables alors de conserver les acquis de la révolution en inventant ce qui convenait selon les situations. Ce fut finalement le point de vue de Condorcet qui prévalut. L’école aujourd’hui n’a pas pour but de former de bons citoyens. On ne conteste pas le fait qu’il faille être bon citoyen. L’Ecole doit viser plus loin et s’assigner comme tache la formation d’hommes et de femmes libres et responsables, qui seront alors de bons citoyens, peut-être un peu moins dociles mais plus avisés.
Quelques aspects de la responsabilité politique
On pourrait retenir bien des aspects de la responsabilité politique des chefs d’établissement. Je voudrais simplement en évoquer quatre. Je vais commencer par l’actualité, bien qu’elle ne soit pas plus urgente ni plus actuelle que les autres dimensions.
La sécurité.
Nous sommes entrés dans un monde plus instable qu’il ne l’était, il y a quelques années, du moins en ce qui concerne les démocraties. Certains, tels le pape François, n’hésitent pas à parler d’une « guerre mondiale en morceaux » mais qui se joue sous des modalités inconnues jusque là. Cet exposé n’est pas le lieu pour faire un diagnostic de la situation présente. Nous avons vocation à introduire cette nouvelle génération dans ce monde là. Nous devons réfléchir à cette question au moment où vous recevez de nouvelles consignes sur la sécurité des établissements.
Lorsque j’étais jeune moniteur de colonie de vacances, le directeur de l’époque qui était un prêtre en me confiant la charge d’un groupe m’avait vigoureusement alerté sur la sécurité des adolescents en des temps où on avait la chance de ne pas être corseté dans des règles juridiques qui en viennent à tuer la vie et toute initiative. Il me disait : Christian, on ne transige pas sur la sécurité ! Mais il a ajouté avec autant de force. Il y a deux aspects de la sécurité, la sécurité physique et tout aussi importante la sécurité affective. J’ai essayé d’en faire mon profit, y compris envers les adultes qui étaient sous ma responsabilité ou qui faisaient partie des équipes que j’ai dû gérer en diverses responsabilités. Nous ne pouvons nous fixer uniquement sur la sécurité physique des élèves d’un établissement et elle ne peut se vivre au détriment de leur sécurité affective, pour le dire autrement, nous ne pouvons renforcer des règles de sécurité pour les corps qui se traduiraient par une augmentation de l’insécurité psychologique. Il y a plusieurs raisons à cela.
La sécurité sous ces deux aspects est une condition nécessaire au plein développement d’une personnalité en formation. Mais nous savons aussi d’expérience qu’un surcroit de sécurité tant physique que psychologique est aliénant et infantilisant. On est parfois saisi de compassion pour les enfants à la vue de certains parents surprotecteurs ou de mères tellement castratrices ! Un véritable éducateur assure et rassure mais il prend aussi des risques pour permettre à une personnalité de s’épanouir et de s’autonomiser. La sécurité n’est pas un but mais une condition de croissance et de développement à condition qu’elle soit raisonnable, qu’elle ne soit pas anxiogène et n’aliène pas la liberté La phrase de Benjamin Franklin, non celle citée sur les réseaux sociaux s’applique mais la phrase exacte s’applique : « Ceux qui abandonnent une liberté essentielle pour acheter un peu de sécurité temporaire ne méritent ni liberté, ni sécurité. »
Or vous recevez des injonctions ministérielles diverses. Certains prennent la forme d’exercices pour prévenir des situations extrêmes. Chacun comprend qu’il y a une part de nécessité pour assurer la sécurité d’un établissement mais aussi bien d’autres enjeux. Tout cela permet de faire prendre conscience à la population des dangers de notre époque. Le discours sécuritaire sert aussi une basse politique politicienne qui entend bien tirer un profit électoral des attentats. J’ai lu une circulaire de rentrée dans laquelle je constate que la dimension éducative est totalement absente. La question qui se pose aux éducateurs que vous êtes : A quoi est-on entrain d’éduquer ? Quand on fait un exercice de confinement, assure-t-on la sécurité ou bien créons-nous artificiellement des situations anxiogènes ? Il me semble que ces demandes que bien évidemment vous devez honorer doivent faire l’objet d’une réflexion avec les équipes éducatives, avec les enfants et les jeunes eux-mêmes pour ne pas sacrifier la liberté intérieure, le désir de vivre, à la sécurité et à ses dérives.
Il me semble que nous devons réfléchir à ce qu’est la sécurité et à sa dimension politique. Hobbes disait qu’elle est au fondement du politique mais il ajoutait que cela ne saurait suffire à donner la légitimité nécessaire à l’Etat de droit[5]. Nous ne pouvons pas nous engouffrer dans des pratiques sécuritaires, même nécessaires, sans recul critique. Le philosophe Michaël Foessel dit que la sécurité est devenue « l’idéal d’une société désenchantée[6] ». Cela n’est pas sans évoquer « le dernier homme » chez Nietzsche[7]. Les citoyens en font la demande. L’action publique puise dans le sentiment d’insécurité une source de légitimité qu’elle ne trouve plus dans l’engagement à œuvrer pour une société plus juste.
La sécurité n’est pas un droit humain
Il y a quelques jours les chinois de France manifestaient avec le slogan : « liberté, égalité, fraternité, sécurité ». Or la sécurité n’est pas une valeur éthique comme le sont les valeurs de la République. Elle n’est pas non plus un droit de l’homme. Elle n’est pas un droit exigible, elle est un bien désirable. Elle n’est jamais garantie car il appartient à la nature de l’homme que d’être vulnérable. En revanche, la sûreté est un droit de l’homme mais dans la Déclaration de 1789 ou celle de 1948, la sûreté « désigne surtout la protection des citoyens contre l’arbitraire de l’Etat ». Mais sur fond de catastrophisme ambiant, au sortir d’années dites « glorieuses », la sécurité apparaît comme la demande que l’on peut encore faire à l’Etat qui a perdu sa souveraineté politique absorbée par la puissance économique. Cette demande des citoyens et cette injonction de l’Etat se retrouvent en de nombreux domaines de la vie sociale : alimentaire, sanitaire etc. On entre dans un cercle vicieux, électoralement rentable, d’une multiplication de règles de sécurité qui à son tour entraine de la peur qui elle-même demande de renforcer les règles etc.
La vigilance
Du coup, on exhorte à la vigilance, y compris dans les établissements scolaires. La vigilance est parfois élevée au rang de vertu. Elle n’est qu’un calcul des risques. Mais elle a des effets pervers et elle formate les individus, en l’occurrence la jeune génération, à une société sécuritaire. D’autre part, la vigilance est par définition, une forme de concentration de l’attention sur une part du réel. Cette sélection comme l’a montré Ricoeur occulte donc d’une certaine manière le regard sur le monde. Vigilant, le sujet abandonne son pouvoir d’interroger le réel selon d’autres critères que ceux qui lui sont dictés par sa quête de sécurité. En ce sens, c’est le monde lui-même qui se perd. On voit des personnes dans une telle vigilance qu’elles en ont perdu le goût de vivre à force de calcul des risques.
Ces quelques réflexions en vrac sont là pour nous alerter. Nous n’avons pas encore beaucoup de recul sur l’éducation à la sécurité car le contexte est relativement nouveau en France mais nous comprenons bien qu’il y a là des enjeux éducatifs pour les enfants et les jeunes, les enseignants et le personnel et une responsabilité politique pour nous. Quel type de citoyens voulons nous ? On pourrait s’inspirer de ce que vivent des éducateurs dans des zones de conflit. Je pense au Liban et au travail de recherche en éducation fait par l’association Adyan[8].
Mixité
Tout autant d’actualité bien que moins médiatique est la question politique de la relation hommes/femmes. Eduquer une nouvelle génération à entrer dans le monde, c’est aussi éduquer à vivre la différence des sexes.
Permettez-moi juste de rappeler quelques faits. Nous pouvons légitimement nous demander ce que recouvre le voile islamique et si certaines femmes ne sont pas contraintes à le porter mais nous ne devons pas oublier dans le même temps qu’une femme meurt tous les deux jours victime de violence conjugale. Elles ne sont pas toutes musulmanes ! Nous pouvons trouver que dans l’islam les femmes n’ont pas le même statut que les hommes mais nous ne devons pas oublier que dans l’Eglise catholique, elles n’ont pas accès aux mêmes postes de responsabilité. Nous pouvons trouver que les petites filles musulmanes sont trop vite voilées mais nous ne devons pas oublier qu’il a fallu que le pape lui-même se fende d’un texte pour dire que les petites filles pouvaient être enfants de chœur. Et que dire du comportement véreux et infamant d’un certain nombre de parlementaires, à commencer par le vice-président de l’assemblée naionale, ou bien qu’il ait fallu légiférer sur la parité dans les partis, certains préférant payer des amendes qu’appliquer la loi. La République ment quand elle affirme l’égalité. Mais l’Eglise catholique est infidèle à l’Evangile. Je ne connais pas de texte sacré qui fasse autant de place aux femmes que la Bible. Jésus a introduit un autre type de relation, jusqu’à se manifester ressuscité à une femme et quelle femme Marie Madeleine ! Heureusement que le droit canon n’existait pas encore, on lui aurait contesté la validité de l’apparition. Paul a bien compris le message novateur et subversif de Jésus quand il affirme aux Galates : « Dans le Christ il n’y a plus ni homme, ni femme ». Sur ce point aussi le pape François rapproche l’Eglise de l’Evangile en voulant confier des postes à responsabilité aux femmes, y compris en créant ces dernières semaines une commission pour envisager le diaconat féminin… le chemin sera long à parcourir…
Vous exercez une responsabilité politique et pastorale dans la manière dont est vécue la mixité dans les établissements scolaires. Il ne suffit pas de mettre ensemble des petits garçons et des petites filles pour qu’il y ait mixité. Comment est vécu la question du genre ? il ne faut pas avoir peur du mot et renvoyer dos à dos ceux qui pensent que l’on choisit son sexe le matin en se levant et les « cathos tradi » qui refusent la question parce qu’ils ne veulent surtout pas que les rôles sociaux changent entre hommes et femmes. Or le travail fait en ce domaine par les chercheurs est considérable. Au cours de ma scolarité je ne savais pas qu’il y avait des femmes dans l’histoire à l’exception de deux ou trois mères possessives et d’une pucelle. De l’histoire des femmes à l’histoire mixte que de chemin parcouru… et encore à parcourir ! De toute façon par l’enseignement et par la vie de l’établissement on prend position sur la question du genre. La transmission ne se fait pas par mode de décision. Les parents le savent. On transmet souvent à son insu, parce que l’on a n’a pas pris le temps de réfléchir à ses manières d’être et de vivre. Les éducateurs dans l’établissement accompagnent ce long travail d’apprentissage de la relation entre garçons et filles. On sait d’expérience qu’il se poursuit bien au-delà du collège ou du lycée !
Le dialogue interculturel et interreligieux
La congrégation pour l’éducation catholique a publié récemment un document sur le sujet intitulé : « Eduquer au dialogue interculturel à l’Ecole catholique, vivre ensemble pour une civilisation de l’amour »[9]. La situation de brassage culturel qui marque l’ensemble des pays doit être prise en compte dans l’enseignement catholique sur la base de l’enseignement du concile sur le dialogue interculturel et interreligieux. Je dois avouer que j’ai été fier de la réaction de mon Eglise et des chrétiens lors de l’assassinat de Jacques Hamel, d’autant plus qu’elle contrastait singulièrement avec celle des politiques voraces. Autour des morts de Nice, j’ai repensé à la phrase absconse de l’Evangile « Là où est le corps, là les vautours se rassembleront [10]» ! Mais mon Eglise a eu une belle attitude et je me suis dit que le long travail de sensibilisation au dialogue ad intra et ad extra portait des fruits.
Le texte fait valoir les enjeux et la chance de cette diversité qui oblige chaque culture à s’ouvrir à d’autres et on sait qu’en France les forces de résistance sont prégnantes. Pourtant il est « indispensable que les jeunes apprennent à travers l’expérience scolaire à se servir d’outils théoriques et pratiques leur permettant une plus grande connaissance des autres et de soi, des valeurs de leur propre culture et de celle des autres ».
Le texte est conscient des forces dont nous reparlerons demain qui voudraient restreindre l’expérience religieuse au domaine privé ou même de celles qui ont la prétention d’éradiquer totalement de la culture toute forme d’expression religieuse. On doit d’autre part faire face soit au relativisme qui est une sorte de tolérance « qui fait accepter l’autre sans que cela implique un échange ou une reconnaissance dans une transformation mutuelle » (p.9) et qui conduit à une sorte de multiculturalisme. On doit faire face aussi aujourd’hui à l’assimilationnisme qui accepte l’autre d’une autre culture ou d’une autre religion « à condition qu’il renonce à son identité propre aux racines culturelles qui sont les siennes, pour embrasser celles du pays d’accueil ». L’autre doit abandonner ses propres références culturelles pour faire siennes celles d’un autre groupe ou du pays d’accueil ». (n° 24).
Le chemin que l’Eglise essaye de tracer est celui d’une approche interculturelle qui se présente comme une chance aussi bien pour les individus qui s’enrichissent mutuellement et connaissent mieux leur propre identité, que pour la société qui dépasse ses clivages et ses fermetures ancestrales. L’Eglise catholique fonde théologiquement ce dialogue sur la foi que la famille humaine est une en son origine et appelée à l’unité et sur son anthropologie qui définit l’homme non comme individu mais comme une personne, c’est-à-dire par nature relationnel. Le fondement éducatif consiste alors à assumer la relationalité comme paradigme pédagogique fondamental. Nous fondons clairement le dialogue interculturel et interreligieux sur cette anthropologie chrétienne. Deux pistes s’ouvrent alors. L’une est celle de l’enseignement qui dans les contenus comme dans les méthodes valorise cette ouverture à l’altérité. A ce propos j’ai été étonné que le texte romain fasse référence à l’interdisciplinarité : « Chaque discipline n’est pas une île habitée par un savoir distinct et clos mais entre dans une relation dynamique avec toutes les autres formes de savoir ». Or on sait qu’un des plus gros problèmes de l’épistémé aujourd’hui est le morcellement des savoirs. Le texte révèle d’ailleurs un lien étroit entre la fragmentation des savoirs et l’incapacité à s’ouvrir à l’altérité. L’autre piste est celle de la vie de l’établissement qui offre des possibilités de vivre cet interculturel, interreligieux. Les enfants et les jeunes qui vivent la mixité culturelle et religieuse sont assurément mieux préparés à vivre dans un monde globalisé que ceux qui sont cantonnés dans des appartenances sociologiques trop univoques, élitistes ou marginalisées. En ce sens les initiatives de rencontres entre écoles qui accueillent des publics typés et différents, comme cela se fait sur Marseille, est probablement une chance qui leur est offerte, dès lors que cette ouverture se prolonge dans l’enseignement.
Il me semble que la responsabilité politique consiste à accompagner la jeune génération à entrer dans un monde de brassage des cultures, dans lequel ils auront à vivre ensemble mais aussi à échanger économiquement, à communiquer et ils ne le peuvent que s’ils sont capables d’affirmer une « identité ouverte », pour parler comme Ricoeur. Elle est engagée comme responsabilité pastorale car le dessein divin est un dessein d’unité. Dieu le Père convoque à sa table les hommes de tous pays, de toutes cultures, de toutes religions. Le Christ n’est pas un petit Jésus catholique, « le petit Jésus d’école » que dénonçait Teilhard de Chardin. Il est le pantocrator du fronton de nos cathédrales. Jésus n’est pas catho catho ! Il est catholique ! Il est Celui vers qui convergent toutes les aspirations de l’humanité[11]. Il est le pasteur de toute humanité et de toute l’humanité et l’Eglise catholique sociologiquement repérable n’est pas sa seule bergerie. Comme il le dit lui-même dans l’évangile de Jean, mais on ne cite jamais ce bout de phrase : « j’ai encore bien d’autres bergeries ! »[12]
Sur cette question, nous ne savons pas bien faire. Nous balbutions. Je le vois bien dans les discussions que nous pouvons avoir avec ceux qui sont en première ligne dans les quartiers difficiles et qui ne peuvent ignorer le fait, mais aussi autrement avec tous les autres. Grandit en moi la conviction que nous ne pouvons laisser des enfants et des jeunes dans l’ignorance de leur propre religion sans en faire les victimes désignées de tous les fondamentalismes, voire des formes diverses de radicalisme. En France le problème est plus grave qu’en d’autres pays car à cause de notre histoire, les religions ont été exclues de l’enseignement scolaire et universitaire. Je me demande si l’enseignement du fait religieux dans les disciplines ne devrait pas être renforcé d’un cours des religions qui mettent un peu de rationalité et d’objectivité dans la connaissance.
L’écologie
L’autre aspect que j’ai retenu porte sur l’écologie. L’état de la planète est compromis. Comment en est-on venu là ? La Renaissance a introduit un autre rapport au monde et en particulier la Conquista du Nouveau Monde. Jusque là la nature était pensée et vécue comme appartenant à Dieu, l’homme en ayant la jouissance mais non la propriété. Avec la Conquista, et aussi avec la conquête des sciences de la nature le monde qui était de Dieu est devenu le monde de l’homme. Descartes affirme dans le discours de la méthode que le but des sciences de la nature est de faire de l’homme, « le maitre et le possesseur de la nature ». Nous voyons sous nos yeux les effets néfastes de ce rapport moderne au monde dans la catastrophe écologique qui est engagée Elle réclame une conscience commune et une volonté politique commune pour y mettre un terme et l’imposer aux puissances financières. Si la Cop 21 fut une réussite quant à la prise de conscience commune, et si on peut se réjouir de la ratification de cet accord par les USA et la Chine, on sait qu’il faudra encore bien d’autres initiatives pour y parvenir, réussir à l’imposer aux puissances financières aveugles. or le temps passe…
Mais la question qui se pose à nous est de savoir de quelle écologie, avons-nous besoin ? On peut s’accorder à dénoncer l’exploitation du monde. A cet égard, le vocabulaire est significatif : on est passé du jardinier et de l’agriculteur à l’exploitant agricole. On exploite les gisements de pétrole etc. On exploite aussi les pauvres… et même peut-être les chefs d’établissement !!! Mais au-delà du diagnostic, les positionnements sont très divers en fonction de l’idée que l’on se fait de l’écologie et donc de la relation entre l’homme et le monde.
Souvent l’eschatologie est présentée comme une volonté de se restreindre, de préserver. Une écologie exclusivement privative, de fait n’a pas changé de paradigme. Elle reste dans l’idée que l’homme exploite la nature et exerce sa domination. Il doit simplement veiller à être raisonnable, à réguler l’exploitation des ressources.
Cela peut aller jusqu’à une écologie qui remet en question la place unique de l’homme dans le monde. Les antihumanismes font de l’homme la cause de tous les maux. Or l’antihumanisme a le vent en poupe avec des personnalités médiatisées comme Houellebeecq par exmple ou avec la question du transhumanisme, ou encore ceux qui se revendiquent à tort de la pensée de Nietzsche comme Michel Onfray.
D’autres contestent à l’homme tout droit qu’il aurait sur le monde jusque parfois à son existence même.
Les idéologies par rapport à la nourriture sont assez significatives de ces divers points de vue, depuis les végétariens, aux végétaliens et aux véganes…
Ces quelques remarques suffisent pour affirmer que les manières de concevoir l’écologie sont sous-tendues par des anthropologies différentes et, consciemment ou non par des théologies de la création.
Nous voilà ramenés à notre responsabilité politique. En travaillant avec les enfants et les jeunes sur le développement durable, par les pratiques éducatives de fait exercées dans les cantines, au cours des voyages scolaires, quelle idéologie de l’écologie diffusons-nous. Est-elle exclusivement préservative, restrictive, voire punitive ? Quelle idée de l’homme distillons nous ? Notre écologie est-elle inspirée de l’anthropologie chrétienne portée par une théologie de la création ?
Je dois dire cependant que même en théologie chrétienne, nous héritons d’une théologie de la création à la période moderne qui a été très influencée idéologiquement par la Modernité et les Lumières et qui a souvent mis en avant le « soumettez la terre » du livre de la Genèse au détriment du respect des espèces – car Dieu crée chaque chose selon son espèce – et de la place de l’homme dans la création pensée dans le livre de la Genèse non sous la figure de l’exploitant agricole mais sous celle du jardinier. Pour ce que j’en comprends à ce jour, on peut schématiser deux théologies de la création qui produisent deux conceptions différentes de l’écologie. La théologie de la création dominante à l’époque moderne considère Dieu comme le créateur du monde mais une fois créé le monde est en quelque sorte laissé à lui-même et à l’homme, et Dieu se retire. Une autre théologie qui fut plus dominante dans l’Eglise ancienne et du Moyen âge et que nous avons besoin de retrouver considère plutôt la création comme inachevée et comme visage de Dieu.
L’encyclique du pape François vient alimenter la réflexion et elle a été saluée dans des sphères fort éloignées de l’Eglise par beaucoup d’humanistes. L’Eglise apporte sa contribution à la réflexion sur un problème majeur de la vie du monde. Le concept d’écologie intégrale permet de ne pas séparer le bien de la création du bien de l’homme et en particulier des pauvres.
Nous avons besoin de poursuivre le travail de réflexion. Nous allons à notre modeste place le poursuivre dans le cadre de la formation des chefs d’établissement et probablement prendre d’autres initiatives.
Conclusion
Votre place est belle et importante pour la vie de la Cité. L’Eglise vous reconnaît un véritable « ministère confié » qui fait de vous des pasteurs à la suite du Christ.
Les sujets que nous abordons sont des questions vives : sécurité, mixité, dialogue culturel et religieux, écologie… Il y en aurait quelques autres. Que faire ? Tout d’abord cela ne doit pas nous inquiéter. Personne n’est omnipotent. Personne n’a la maitrise sur ces questions vitales. D’autre part, ce n’est pas nous qui conduisons le monde. L’Esprit est plus malin que nous.
Il me semble que nous devons porter ces questions afin de ne pas avoir trop le nez dans le guidon, et de conduire l’établissement en ayant les yeux sur l’horizon de ces questions décisives pour la vie de la Cité et l’épanouissement des personnes.
A la figure du pasteur, j’ajouterai celle du jardinier. La tonalité sera ainsi nettement écologique ! Quelle est l’efficacité du jardinier ? Les légumes poussent de jour comme de nuit et ce n’est pas lui qui les fait pousser… Pourtant sa présence est indispensable ! Il donne un peu d’eau, il prend soin d’une plante plus fragile, il repique ! mais plus encore il regarde son jardin ! probablement est-ce le plus utile : l’amour qu’il a pour son jardin et la manière dont il le regarde… et puis… quand le moment est venu, il ramasse les fruits ! Et ça c’est vraiment ce que je vous souhaite ! Que vous sachiez regarder et voir avec une certaine gratuité et… Que vous ramassiez beaucoup de fruits, y compris là où vous n’avez pas peiné !
Christian Salenson
[1] Hannah Arentd, la crise de l’éducation dans La crise de la culture.
[2] Alain Badiou, La vraie vie, Fayard, 2016.
[3] Article n° 145.
[4] Article n° 10.
[5] Hobbes au XVIIe lorsqu’il essaie de dire quels sont les fondements de l’Etat en dehors de toute transcendance ou de toute tradition trouve dans la sécurité des individus, une des raisons fondamentales pour lesquelles ils transfèrent leur souveraineté à l’institution politique. « L’état de nature » et la violence inhérence fait courir des risques à la pérennité de la société. l’Etat doit donc garantir la sécurité des citoyens. Mais, même chez Hobbes, cela ne saurait suffire pour légitimer la souveraineté de l’Etat. L’Etat doit organiser la vie en société pour permettre le développement de celle-ci et du bien-être des individus. Hobbes, Leviathan.
[6] Michael Foessel, L’état de vigilance, la banalité sécuritaire, réédition 2016.
[7] Nietzsche, le Gai savoir,
[8] Nayla Tabarra, Fadi Daou au Liban
[9] Congrégation pour l’éducation catholique, « Eduquer au dialogue interculturel à l’Ecole catholique, vivre ensemble pour une civilisation de l’amour ».
[10] Luc 17, 20-37.
[11] Concile Vatican II, Gaudium et spes.
[12] Evangile de jean, chapitre 10.