Christian Salenson, Le rôle des religions dans le dialogue et la paix, Novembre 2015

Nice

ESAM

26 novembre 2015

 

 

 

 

Le rôle des religions dans le dialogue et la paix

 

 

                                                                                            Christian Salenson

                                                                                             ISTR-Marseille

 

 

 

La question qui m’a été posée est celle de la place des religions dans le dialogue et dans la paix. Les religions sont-elles fauteurs de guerre ou bien facteurs de paix ? Cette conférence intervient quelques jours après les dramatiques événements du vendredi 13 novembre. L’actualité ne doit pas fausser notre réflexion qui n’a pas pour objet l’analyse complexe de ces évènements. En même temps ils fournissent des éléments de réflexion sur le sujet qui retient notre attention ce soir.

 

Ces événements sont-ils religieux ? Quelle est la part de la religion dans le terrorisme islamiste ? La religion est présente. Les terroristes invoquent le nom de Dieu au moment de commettre leurs crimes. Ceux qui partent en Syrie se présentent comme des convertis à l’islam. Le communiqué officiel de Daesh qui revendique les attentats commence par une sourate du Coran et précise que les lieux ont été minutieusement choisis. Il dénonce le Bataclan comme « un rassemblement d’idolâtres pour une fête perverse ». Les membres de Daesh se présentent même comme les vrais musulmans et considèrent qu’ils sont les seuls musulmans puisque les sunnites qui ne sont pas radicalisés sont à leurs yeux de mauvais musulmans, que les chiites sont des hérétiques, que les juifs et les croisés sont des ennemis, à l’encontre de ce que dit le Coran[1]. Tous ceux là sont à abattre. On est donc bien en présence d’une dérive fondamentaliste de la religion dont les formes extrêmes se retrouvent en d’autres périodes et en d’autres religions et dont nous mesurons la capacité de nuisance. Ce qui pose une question sur la responsabilité de toutes religions par rapport à leurs fondamentalistes radicalisés.

 

Pourtant cette affirmation ne rend pas compte de la totalité de la réalité. Gilles Keppel disait l’autre jour que la religion n’est en ce cas qu’un vernis pour deux raisons au moins. L’islam tel qu’il est vécu et présenté par Daesch est en totale contradiction avec le Coran et les hadiths. Le directeur de l’IDEO au Caire, spécialiste de l’islam s’est attaché à en faire la démonstration à partir du communiqué officiel. D’autre part on est en présence d’une question essentiellement politique. Daesh se définit comme L’État islamique. Il revendique le califat. Il a un projet politique. Il veut fragiliser les démocraties, semer la division dans les pays, faire en sorte que les musulmans soient accusés et stigmatisés et qu’ainsi ils se radicalisent, en espérant ainsi aller jusqu’à la guerre civile.

 

L’analyse de Daesh prend appui sur un jeu d’idéologies qui s’alimentent mutuellement : le laïcisme qui connaît un regain de vitalité et trouve là une raison de plus de dénoncer les religions de les combattre, l’islamophobie trouve là de quoi se justifier, les islamistes radicalisés trouvent dans ce double rejet de la religion et de l’islam la justification du Djihad. Paradoxalement, ces trois idéologies en apparence aux antipodes sont complices dans les faits, mais au fond cela s’explique par un rejet commun de l’altérité.

 

Les événements du 13 novembre, assez différents dans la forme de ceux de janvier nous permettent de relever quelques questions : l’enjeu des relations entre le religieux et le politique, la responsabilité des religions face à leurs intégrismes, la place des religions dans les sociétés.

 

J’aurai trois parties dans cette communication : Religions et violence, la paix entre politique et religion, et une dernière partie intitulée chemins de paix dans laquelle je voudrais poser quelques balises sur ce chemin chaotique.

 

I- Religions et violence

 

 

La religion est un phénomène social

 

Mais je voudrais commencer par dire, contrairement à la vulgate médiatique, que la religion est un phénomène social et donc que la religion ne relève pas du domaine privé. Les religions occupent une place importante dans la vie internationale et dans la société. Si la foi est personnelle, la religion est publique. La sécularisation n’a pas produit sa disparition annoncée par les philosophes du XIXe siècle. Le sociologue de la religion Peter Berger avait annoncé la disparition de la religion engloutie par la sécularisation[2], avec beaucoup de probité il a reconnu quarante ans plus tard s’être trompé et affirme que « le monde est devenu furieusement religieux [3]». La religion est un phénomène social. Émile Durkheim fonde de la sociologie moderne par un ouvrage sur les formes élémentaires de la vie religieuse. Aucune religion ne peut accepter d’être renvoyé au domaine privé, ce qui serait contre nature.

 

Elles ont façonné les cultures

 

Les religions ont façonné des cultures : arabo-musulmane, asiatiques, européennes. Que serait l’Europe sans le christianisme dans sa triple version : catholique, protestant et orthodoxe ? Elles sont porteuses d’un capital symbolique artistique, éthique, transcendant qui nourrit les sociétés, même les plus sécularisées. Je cite volontiers à ce propos Jean Pierre Chevènement qui n’est pas soupçonnable de collusion avec la religion chrétienne. Alors qu’il était ministre de l’intérieur et des cultes, il a dit  : « Les religions monothéistes ont largement contribué au progrès moral de l’humanité, la sommant de s’interroger sur ses fins dernières, l’arrachant à ses attaches matérielles, l’invitant à se dépasser. » Je poursuis la citation : « Les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité qui ont inspiré le combat républicain sont pour une large part des valeurs chrétiennes laïcisées. La liberté et surtout l’égalité sont largement des inventions chrétiennes. S’agissant de l’égalité, on ne peut qu’admettre l’audace à proprement parler révolutionnaire des Evangiles, faisant surgir cette idée neuve, contraire à toutes les normes et les idées d’un monde romain à la culture fortement hellenisée. Quant à la fraternité, elle est une traduction, à peine une adaptation, de l’agapé du Nouveau testament.[4] »

 

Les droits fondamentaux reconnaissent leur caractère public

 

Le droit déclare la nature publique de la religion. La Déclaration universelle des droits de l’homme[5], Article 18 affirme que:  » Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction, seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites. «  La Convention européenne le rappelle. Rappelons que la Convention européenne est une autorité supérieure à la loi française puisque elle a été adoptée par un traité et que les traités priment sur les lois nationales. Elle va plus loin dans l’affirmation de la liberté religieuse que la législation française. Dans son article 9  alinéa 1, il est dit . « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction, ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction individuellement ou collectivement, en public ou en privé, par le culte, l’enseignement, les pratiques et l’accomplissement des rites ».

 

D’où vient cette confusion entre la foi du domaine de la conscience et la religion ?

 

L’Église catholique qui était de droit public antérieurement à la Loi, est de droit privé depuis 1905. Mais elle l’est au même titre que les associations, les entreprises, les syndicats, les partis politiques qui interviennent dans l’espace public.

 

La cause est à chercher dans l’histoire religieuse de notre pays. L’autonomie du politique ne s’est imposé que lentement et difficilement. La révolution française a constitué un premier seuil de laïcisation mais n’a pas suffi et tout le XIXe a été en proie à des conflits entre le pouvoir politique et l’Église catholique. L’hégémonie de la religion catholique pendant des siècles fait renaitre constamment des peurs d’une ascendance de la religion sur le politique.

 

L’interprétation de la laïcité

 

La volonté de privatisation de la religion relève aussi d’une interprétation de la laïcité qui trahit la loi de séparation des Églises et de l’État de 1905. Le régime de laïcité instauré par la loi de 1905 n’est ni antireligieux, ni ne privatise la religion. Bien au contraire l’État se sent et assume la responsabilité que chaque croyant puisse vivre sa religion, en privé et en public. C’est la raison pour laquelle il subventionne les aumôneries d’hôpitaux, de lycée ou de prison.

La loi portée par Aristide Briand et Jean Jaurès est une loi d’apaisement qui se démarque de la volonté hégémonique de l’Église catholique mais tout autant des courants antireligieux qui voulaient éradiquer la religion ou des courants gallicans qui voulaient contraindre la religion sous la tutelle de l’État. Après un siècle d’exercice de cette loi, l’Église catholique reconnaît « le caractère positif de la laïcité »[6].

 

Le principe de laïcité de l’État est la forme qu’a prise la séparation entre le politique et le religieux en France. Il est objet d’interprétations diverses, depuis les origines. Les courants traditionnels existent toujours et le courant antireligieux a même repris une certaine vigueur. Jean Bauberot dresse une typologie éclairante des différentes interprétations de la laïcité. Il analyse en particulier parmi les nouveaux courants, la laïcité identitaire. Bauberot montre comment la laïcité qui était plutôt une valeur de gauche est reprise par la droite et instrumentalisée par une droite extrême sinon contre la religion chrétienne pour le moment, du moins contre l’islam[7]. En effet la société française doit faire face à l’émergence d’une autre religion dont la visibilité sociale est structurellement plus forte que les confessions chrétiennes.

 

Les limites de la laïcité d’incompétence

 

Notre histoire est un peu curieuse ! Nous sommes un des rares pays développés où l’enseignement des religions est exclu de l’université et jusqu’à une date récente de l’enseignement dans les programmes scolaires. La « laïcité d’incompétence » pour reprendre l’expression de Régis Debray fait du tort à l’unité nationale[8]. L’ignorance des faits religieux interdit à des jeunes générations d’avoir accès au patrimoine de la nation[9]. L’ignorance de l’islam est négative pour les musulmans eux-mêmes qui ne sont pas confrontés à un enseignement objectif de leur religion. Elle est négative pour ceux qui ne sont pas musulmans qui continuent ainsi à vivre sur des clichés et dans la peur de l’inconnu[10]. L’ignorance des phénomènes religieux handicape l’intelligence de la complexité du monde comme se plait à le rappeler le recteur Joutard. Celui qui ignore les religions s’interdit de comprendre la vie du monde. Laurent Fabius, ministre des Affaires étrangères, l’affirmait lors d’un colloque international que lui-même avait souhaité, qui avait pour titre Religions et politique étrangère et qui se tenait à Sciences po. Paris : « Nombre des crises internationales actuelles restent inintelligibles et d’ailleurs insolubles quand le fait religieux n’est pas pris en compte. L’analyse des évolutions en matière religieuse est un outil essentiel à la compréhension du monde.[11] »

 

 

Ces quelques remarques rappellent que les religions sont des phénomènes publics qui contribuent à façonner les cultures, qui fournissent un capital symbolique artistique, religieux, éthique, qui informent les modes de vie des personnes, qui scandent le temps des sociétés, qui s’inscrivent dans l’espace géographique et le structurent etc. Les adeptes d’une religion ne peuvent pas accepter durablement d’être écartés comme croyants de l’espace public dans lequel ils comptent bien faire entendre leur voix. Le refoulement du religieux pourrait un jour ou l’autre se retourner contre la République elle-même. La volonté de privatisation des religions est une violence faite aux religions.

 

 

Les religions et la violence

 

 

Les religions sont-elles violentes ? La réponse est oui. Les guerres de religion sont un fait, en France et dans le monde. Les exemples ne manqueraient pas dans l’histoire et dans le monde pour montrer l’existence de conflits entre les religions. La France a été particulièrement traumatisée par les guerres de religion.

 

A contrario, tous les grands conflits ne sont pas religieux. La guerre de 14-18 avec ses millions de morts n’avait pas de motif religieux. La seconde guerre mondiale n’était pas une guerre de religion, même si la volonté d’extermination du peuple juif était la volonté de faire disparaître le peuple élu. La guerre en Irak n’était pas une guerre religieuse, même si Bush aurait bien aimé instrumentaliser « l’Occident chrétien » pour faire de cette guerre une « croisade ». Il s’est heurté en particulier au pape Jean Paul II[12]. L’annexion de la Crimée n’est pas une guerre religieuse etc. Il est donc abusif de dire que les religions sont la cause des guerres. Qui donc a intérêt à accuser les religions ? Les intérêts économiques et politiques sont généralement la première cause des conflits, comme le pétrole au Moyen-Orient. L’accusation des religions masque les auteurs véritables des guerres et discrédite dans le même temps les religions.

 

Faut-il pour autant disculper les religions ? Elles sont souvent présentes dans les conflits. Parfois elles offrent aux peuples une capacité de résistance et une force subversive comme le christianisme a permis à la Pologne de secouer le joug communiste. L’islam a été une force subversive dans la guerre d’indépendance de l’Algérie, facteur négligé à tort par les politiques français. Plus souvent, elles viennent en renfort idéologique au politique et elles amplifient les conflits. Le schisme entre sunnites et chiites est un facteur aggravant au Proche-Orient. Comme le disait Pascal, repris dans le film Les hommes et les dieux : « Les hommes ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que lorsqu’ils le font par conviction religieuse ».

Plus que de guerres de religions, il vaut mieux parler de la dimension religieuse des conflits. Elles peuvent parfois contribuer à la radicalisation des conflits. Leur responsabilité est engagée mais il est parfois très difficile de déméler le politique et le religieux.

 

II- La paix entre politique et religion

 

La violence des religions ou leur participation à la violence politique ne suffit pas à répondre à la question posée : les religions et la paix. Parler des religions et de la paix ne consiste pas uniquement à parler de la religion et de la guerre. Les religions peuvent contribuer à la guerre mais peuvent aussi contribuer à la paix. Car si elles peuvent contribuer à la guerre, comment ne pourraient-elles aussi contribuer à la paix ? Nous devons donc considérer cette difficile question de la paix.

 

La paix est-elle politique ?

 

La paix est un problème politique. Le politique a pour but le bonheur des hommes. Il doit donc créer les conditions favorables à la paix entre les peuples et à l’intérieur des sociétés. La paix est une des premières responsabilités du politique[13]. La paix est de la responsabilité du politique mais la paix est-elle politique ? L’idéal de la Pax Romana semble insuffisant[14]. Elle garantit les activités humaines et en particulier les échanges. Cette paix a minima est imposée de l’extérieur par un pouvoir fort mais l’absence de conflit n’exclut pas la violence des structures. Sous une dictature, et sans conflit apparent, on ne saurait parler d’une situation de paix.

La paix est-elle politique ? Il semble qu’il faille répondre positivement car elle est de la responsabilité du politique. Mais elle se définit plutôt négativement comme une absence de conflits ou de violence. Elle ne suffit donc pas pour rendre compte de la paix. Pour répondre positivement à ce qu’est la paix, nous devons faire appel à une autre dimension de la paix.

 

Disons-le autrement : si on affirme que la guerre a un caractère religieux, il faut logiquement affirmer que la paix elle aussi a un caractère religieux.  On pourrait paraphraser Pascal. De même que l’on a dit que « Les hommes ne font jamais le mal si complètement et joyeusement que lorsqu’ils le font par conviction religieuse« . De même on pourrait dire que « Les hommes ne font jamais la paix si complètement et joyeusement que lorsqu’ils le font par conviction religieuse ».

 

La dimension religieuse de la paix

 

Les religions apportent une autre dimension à la paix, la paix intérieure. Toutes disent que la paix est le vrai but de la vie humaine. Elles proposent des voies pour rechercher cette paix, non plus collective mais individuelle. La voie des bouddhismes – réponse originale à la question du mal – n’est pas celle de la révélation chrétienne mais la même quête de paix est proposée. L’adepte d’une religion recherche la paix, dans ce monde ci et/où dans l’au-delà et dans une ouverture à la transcendance. Le sannyasi hindou est un être humain qui fait de la paix le but de son existence à laquelle il espère parvenir par la méditation et des pratiques ascétiques. Chez les indiens d’Amérique, fumer le calumet de la paix ne sert pas uniquement pour signer des traités de paix mais pour se mettre en relation avec le grand Esprit. La paix trouve son accomplissement au-delà de la mort. Dans la liturgie chrétienne, elle est le dernier mot prononcé sur une existence humaine : « qu’il repose dans la paix ».

 

Que disent les religions de la paix ?

 

La paix ne se conquiert pas. Elle se reçoit. Politiquement la victoire n’apporte pas la paix. Elle porte souvent en germe le prochain conflit comme ce fut le cas pour la guerre de 14-18. Les victoires spirituelles non plus ! Jésus d’ailleurs recommande de ne pas arracher le bon grain et dans une parabole curieuse, il déconseille de chasser son démon intérieur car le vide en soi pourrait faire appel d’air et on pourrait se retrouver non plus avec un démon mais avec une légion[15] ! Cette grande sagesse spirituelle trop ignorée renseigne sur la paix. Certes le moine bouddhiste, le contemplatif soufi ou le chrétien mystique se rend disponible pour accueillir la paix, mais vouloir conquérir la paix serait en contradiction formelle avec sa nature même qui est moins une conquête qu’un don. Celui qui voudrait conquérir la paix, entrerait dans une forme de combat qui ferait naitre en lui des tensions ou des conflits. La paix s’obtient par l’abandon de sa volonté propre pour le dire en langage chrétien. La paix ne se gagne pas en soi par la victoire sur ses penchants mauvais mais par l’acceptation de soi dans l’humilité d’un cœur désarmé qui demande la paix. La plupart des victoires spirituelles se gagnent en déposant les armes et celles là seules procurent la paix véritable.

 

Les religions montrent que la paix est globale. La paix est relationnelle. Elle est entre soi et le monde de la nature, entre soi et les êtres vivants, entre soi et les êtres humains, et surtout entre entre soi et soi. La paix est cosmothéandrique, dit Raimon Panikkar, en un néologisme qui unit inséparablement le cosmos, le theos et l’andros.

 

La paix est harmonie. L’écologie est une des formes de recherche de la paix. Impossible pour les êtres humains d’être en harmonie entre eux en continuant à malmener la nature. Les religions invitent à cette harmonie avec le cosmos par la prière de louange. La prière est une forme écologique de l’harmonie avec le monde. Le Cantique des créatures de François d’Assise en fournit un bel exemple. On trouverait d’autres formes de cette prière dans les psaumes ou certains passages du Coran ou des upanishads. Le pape François utilise le concept d’écologie intégrale pour désigner cette harmonie spirituelle globale[16]. Le christianisme, dans son humanisme radical, doit à ce propos relire la manière dont il parle de la prééminence de l’homme dans la création. L’homme au sommet de la création selon la révélation chrétienne, peut y être de deux manières, soit comme le maitre qui domine tout, soit comme le jardinier qui prélève dans son jardin mais qui prend grand soin des plantes ?

 

La paix intérieure est la source de la paix extérieure. On a des témoignages de personnes en situation extrême de violence qui gardent la paix intérieure. Etty Hillesum, juive convertie qui travaille dans le camp de Westerbork, aux Pays-Bas avant de partir elle-même en camp d’extermination garde une paix profonde.[17] Cet exemple et d’autres analogues montrent que la paix intérieure est plus forte que la violence externe et donc que la paix intérieure est première et fondamentale dans la construction de la paix[18]. A contrario, de nombreux conflits naissent du cœur humain, de ses propres blessures, de sa volonté hégémonique, de son besoin de reconnaissance, de sa colère et de sa volonté de vengeance etc.

 

Les religions nous apprennent que la paix se construit dans l’ouverture à une transcendance. Claire Ly internée dans un camp de Polpot, ravagée par la colère, trouve la paix dans la découverte imprévisible du « Dieu des occidentaux »[19]. Plus ordinairement, un être humain trouve la paix par une ouverture à la transcendance, que ce soit dans la prière confiante, dans la louange, dans l’ouverture à la beauté des choses, dans l’ouverture à la transcendance qui habite la relation d’amour. Etc.

 

De cela nous devons conclure que le politique seul ne peut pas conduire les hommes vers la paix, alors même que la paix est une de ses premières responsabilités. Les religions ont une responsabilité. Elles proposent aussi des moyens d’ouvrir des voies d’intériorité par où advient la paix intérieure. La paix a besoin à la fois du politique et du religieux.

 

 

III- Chemins de paix

 

 

Nous en venons maintenant à proposer quelques balises pour des chemins de paix. Comme le dit Raimon Panikkar, théologie indien et catalan : «  Le thème de la paix est trop sérieux pour le laisser entre les mains des politiques et il est trop complexe pour le confier aux hommes religieux. C’est une question qui incombe à l’homme en tant que tel. C’est pourquoi c’est à la fois un problème politique et religieux [20]». Nous partageons ce point de vue et nous pouvons proposer quelques balises à la fois dans la dimension externe et interne de la paix.

 

La paix sociale

 

La séparation du politique et du religieux

 

Ce sera une première réponse à notre question que de dire la nécessité de la séparation du politique et de religieux. L’histoire et l’actualité montrent les drames nés de cette confusion. Cette séparation est à la fois de la responsabilité du politique qui doit empêcher les religions de devenir hégémonique. Elle est aussi de la responsabilité des religions qui doivent empêcher le politique de vouloir les instrumentaliser. Jean Paul II a eu cette attitude après les attentats du 11 septembre et l’instrumentalisation des confessions chrétiennes programmée par Georges Bush. Toutefois la séparation n’est ni l’ignorance ni l’exclusion. Le politique et le religieux grandissent à portée l’un de l’autre, un lien très fort les unis et l’un a besoin de l’autre dans l’avènement de la paix. L’apartheid du religieux ampute le politique et ne manquerait pas à terme de se retourner contre le politique.

 

Le politique a besoin du religieux

 

Les grands problèmes politiques sont des problèmes religieux, comme on vient de le dire pour la paix. On peut le dire pareillement pour la justice ou encore pour la fraternité qui sont des facteurs de paix. Parfois des hommes politiques éclairés le reconnaissent et le disent. Ainsi Bernard Cazeneuve, ministre de l’intérieur et des cultes en exercice, à Strasbourg s’exprimait ainsi il y a quelques semaines :

« L’histoire politique ne doit pas nous dissimuler  la réalité de certaines filiations. Certes, notre devise républicaine s’adresse à ceux qui croient au ciel, comme ceux à qui n’y croient pas. Pour autant, comme le relevait Jean-Paul II, notre devise nationale, « liberté, égalité, fraternité » rejoint bien à certains égards le message évangélique… » Ainsi le politique puise ses valeurs dans les religions. Il en fait la démonstration pour les trois valeurs républicaines : « Des figures telles que celle du Pasteur Dietrich Bonhoeffer ont magnifiquement témoigné de cet amour chrétien de la liberté, acceptant de subir le martyre plutôt que d’abdiquer face à la barbarie nazie. De même, quand Saint Paul écrit aux Galates : « Il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous, vous ne faites plus qu’un », comment ne pas y voir la racine première de l’égalité républicaine de tous devant la loi ? Quant à la fraternité républicaine, elle est l’expression politique de la grande question biblique “Qu’as-tu fait de ton frère?”. [21]»

Ainsi la religion inspire le politique lui fournissant des valeurs éthiques susceptibles de devenir des valeurs républicaines, lui rappelant la valeur intrinsèque de l’être humain etc. et cela même lorsque le politique ne reconnaît pas avec la même probité que Bernard Cazeneuve la place prépondérante de la religion. Jugen Habermas reconnaît l’intérêt des religions pour le politique[22].

Le religieux a besoin du politique

 

La religion a besoin du politique. La religion tend par elle-même à tout envahir, y compris le champ du politique et la religion peut fort bien instrumentaliser le politique. L’histoire en fournit de nombreux exemples. Il faut, pour le bien de la religion elle-même et de ses adeptes que ses prétentions soient limitées par le politique.

De plus, la religion vise l’Absolu et comporte une part d’irrationalité ! Elle peut se croire et se présenter elle-même comme absolue. Le politique doit la circonscrire afin qu’elle ne s’impose pas dans l’espace public de manière hégémonique.

Le politique doit aussi garantir la liberté religieuse de tous, veiller au respect des minorités et au droit de chacun de pratiquer le culte de son choix, particulièrement dans des sociétés pluri religieuses. Le politique veille à l’ordre public et impose aux religions le respect de l’ordre public, de la loi, de l’organisation sociale.

La limite des religions par le politique est une des conditions de la paix sociale mais aussi de la paix des individus, y compris des adeptes de la religion qui trouvent dans le politique une protection vis-à-vis de l’institution religieuse à laquelle ils appartiennent. La loi française empêche de licencier un chef d’établissement catholique divorcé-remarié et le protège jusqu’à ce jour de l’institution ecclésiale.

 

La critique interne des religions

 

Les religions apportent leur contribution à la paix quand à l’intérieur d’elles-mêmes les équilibres sont maintenus et que les instances critiques fonctionnent normalement. Les religions doivent gérer leurs intégristes, leurs fondamentalistes. Or la religion n’a pas de moyens coercitifs. Elles assument cette responsabilité propre par un équilibre interne. Trois instances doivent jouer leur rôle critique à l’intérieur même des religions.

La mystique. Les mystiques rappellent aux religions que leur finalité est la transcendance. Ils les arrachent ainsi à la tentation de se prendre elles-mêmes pour l’Absolu qu’elles ont vocation à désigner mais non à annexer. En rappelant que l’unique absolu est Dieu, ils relativisent les formes concrètes de la religion. Aussi les mystiques – et à travers eux tous ceux qui privilégient la quête spirituelle – en général ne sont pas très aimés dans les religions. Beaucoup sont morts martyrs : El Hallaj[23] par exemple, ou bien ont été marginalisés de leur vivant comme Saint François par exemple.

Le prophète dénonce dans sa religion le décalage entre l’éthique qu’elle annonce et la manière dont elle en vit. Les monothéismes abrahamiques accordent une place privilégiée aux pauvres, une « option préférentielle ». Les pratiques sont en général nettement en retrait des textes fondateurs. Si un prophète chrétien rappelle que la miséricorde est au cœur de l’enseignement de Jésus, même si ce prophète est pape, il se heurtera à bien des résistances. L’histoire n’a cessé de violenter ou de vouloir faire taire les prophètes.

Le théologien est celui qui fait intervenir la raison critique. La fonction théologique critique la lecture fondamentaliste des textes ou la sclérose des énoncés dogmatiques ou la magie de la ritualité. Elle appelle à une intelligence de la foi en redonnant constamment sa place à la raison. Les théologiens sont très exposés dans leur institution religieuse. En islam, la théologie pendant des siècles a été totalement marginalisée et les conséquences sont désastreuses. La plupart des grands théologiens catholiques du XXe siècle ont été condamnés ou interdits de publication : de Lubac, Congar, Teilhard de Chardin, avant d’être réhabilités et experts au concile Vatican II. Ces dernières années les théologiens de la libération ont été suspectés avant que cette théologie soit réhabilitée aujourd’hui.

 

L’absence prolongée de ces régulations internes conduit inévitablement à des dérives des religions. A contrario, leur équilibre protège la religion de ses dérives.

 

Une voie : L’acceptation du pluralisme

 

Un des défis actuel est le pluralisme culturel et religieux. Il n’y aura pas de paix sans acceptation de la diversité culturelle et religieuse. La responsabilité est double. Le politique doit veiller à la cohésion sociale et à la place diversifiée des cultures et des religions sans sacrifier à des discours d’exclusion à terme inévitablement générateurs de conflits. La responsabilité est aussi celle des religions entre elles appelées à dialoguer. A la faveur de l’engagement de l’Église catholique depuis Vatican II, des rapprochements et des dialogues bilatéraux ont beaucoup évolué depuis 50 ans : dialogue judeochrétien, islamochrétien, dialogue intermonastique etc.

La pluralité religieuse est une contribution indispensable à la paix. La paix ne se fera pas sans les religions et sans le dialogue entre les religions. Ce dialogue là est une nécessité politique dans laquelle des croyants sont engagés dans leurs relations, leur vie sociale, etc. Certains croyants enracinés dans leur foi estiment que le dialogue politique ne peut suffire. Ils veulent vivre le dialogue spirituel. Ils veulent pratiquer l’hospitalité spirituelle en s’accueillant mutuellement dans leur foi différente. Ils se pensent comme des « priants parmi d’autres priants » comme le furent les frères de Tibhirine. Si beaucoup sont convaincus de la nécessité du dialogue politique, le dialogue spirituel est plus exigeant, demande plus de liberté et est encore très nouveau. Ce dialogue spirituel est la clef de voute du dialogue politique. Je connais des chrétiens qui sont engagés dans une Communion spirituelle : la Communion Tibhirine. Ils veulent vivre ce dialogue spirituel au plus intime d’eux-mêmes. Ils refusent toute stigmatisation des autres croyants, en particulier des musulmans. Ils veulent se mettre à l’écoute des croyants de l’islam et de leur tradition religieuse. Ils considèrent qu’ils ont besoin de la foi de ces autres croyants pour vivre la leur. Ils veulent leur offrir l’hospitalité spirituelle. Ils ne veulent plus croire en chrétien sans eux. Cette communion Tibhirine – tel est son nom – est dans la continuité des frères de Tibhirine.

 

            La paix intérieure

 

La paix s’origine dans les cœurs. Elle demande à chacun d’aller vers une paix intérieure qui passe par un désarmement vis-à-vis des autres, une réconciliation avec soi et une écoute intérieure. Je voudrais évoquer ces trois aspects.

 

Le désarmement

 

Pour que la paix soit possible, le désarmement de chacun est nécessaire. Lors de la visite du 24 décembre 1993 de Sayyah Attiyah et d’une bande armée qui avait assassiné 12 croates dix jours auparavant dans un petit village visible de fenêtres du monastère, Christian de Chergé lui a tenu tête et a refusé de répondre à ses injonctions. Finalement la rencontre s’est terminée sans violence. Mais Christian raconte qu’après, il lui a fallu revenir à la vie[24]. Désireux de rester dans une attitude de fraternité, dans sa prière il a demandé à Dieu : « Désarme-le ! ». Rapidement, il s’est rendu compte qu’il ne pouvait pas demander à Dieu de désarmer les autres sans considérer lui aussi ses propres défenses et demander en même temps, « désarme nous, désarme moi ». La paix passe par ce désarmement personnel.

 

Le désarmement personnel est dépassement de toutes sortes de représentations héritées d’une culture, d’une éducation et de toutes formes de supériorité. Chacun doit désormais se penser dans une relation paritaire à l’autre sans surplomb au nom d’une culture ou d’une religion.

Le désarmement est progressivement une expérience de la nudité. La nudité se vit peu à peu dans la confiance qui permet l’abandon à l’être aimé. Elle s’apprend dans la prière et l’abandon. Frère Christophe de Tibhirine disait : « La nudité de ton « je t’aime » me dénude ». Cela s’applique indifféremment à la relation avec Dieu et à la relation avec le compagnon ou la compagne de route qui en ce cas médiatise la relation à Dieu. On vient à la nudité à la mesure du « je t’aime » dont on se sait et dont on accepte d’être aimé. Là, on n’est plus très loin de la paix…

 

La réconciliation de soi.

 

La paix intérieure est impossible tant qu’un être humain n’a pas réussi pour une part à s’accepter lui-même, à accepter ses propres blessures, à être livré au pardon. La paix est un des fruits de la réconciliation avec soi. Tout être humain a sa part de blessures. Certaines sont héritées, d’autres sont de son fait. La paix d’un être humain dépend de l’acceptation de ces blessures, de la volonté de vivre avec et de la foi en ce qu’elles peuvent être source de vie et de fécondité.

Un être humain ne se définit ni par ses titres, ni par ses responsabilités, ni par sa carrière, ni par ses capacités intellectuelles, ou autres. L’expérience de la rencontre avec la personne handicapée mentale nous apprend ce qu’il en est d’être un être humain quand tous les oripeaux sont tombés. La paix est au bout de l’acceptation de soi, de ses limites et de ses fragilités physiques, intellectuelles, morales, spirituelles… Mais comment s’accepter soi-même sans se savoir accueilli tel que l’on est par Dieu, dans la foi et par ceux qui nous aiment vraiment.

 

De la réconciliation avec soi dépend dans une large mesure la réconciliation avec autrui. Il faudra un jour arrêter d’imputer à l’autre les blessures reçues et vivre avec. Alors et alors seulement une vie nouvelle est possible et une nouvelle fécondité sera donnée, à l’endroit même où la vie a été blessée. La miséricorde envers soi ouvre à la miséricorde envers l’autre.

 

La prière

 

Les religions, toutes les religions privilégient la prière comme chemin vers la paix. L’étymologie du mot nous renseigne sur sa nature et sa nécessité. La prière vient du latin precari qui a donné en français le mot précarité. La prière est une attitude qui accepte la précarité. Elle s’exerce aussi bien dans la louange qui est la forme normale de la prière que dans la demande. Celui qui loue devant la splendeur des choses est dans l’attitude de se savoir tout petit dans l’univers. Et celui qui demande exprime aussi sa précarité en disant ce dont il a besoin pour vivre. La paix se reçoit au cœur de cette attitude foncière, de cette respiration de l’être qu’est la prière.

 

 

 

 

La quête de la paix intérieure comme instance critique

 

La quête de la paix demande une distance critique envers l’ethos dominant et plus un être humain vit de la paix, plus il est distant de ces discours. Il n’est pas vrai que le travail est une valeur éthique. Au Moyen âge, il y avait l’otium, le repos et le negotium, l’activité. L’otium était la part noble et le négoce la négation du repos. Dans la révélation chrétienne, et en général dans les religions, la contemplation est plus importante que le travail et lorsque la révélation chrétienne privilégie lactivité de l’homme, elle privilégie sa part créative. Tout travail n’est pas créatif.

La quête de la paix engage un autre rapport au temps. Chronos est un dieu qui dans la mythologie grecque dévore ses enfants. Il me semble que nous y sacrifions beaucoup ! Les religions sont dans un autre rapport au temps.

Il faudrait encore critiquer bien des aspects de l’ethos culturel si nous voulons retrouver un rapport harmonieux à la nature et aux autres tels que le consumérisme, le mythe de la croissance infinie etc. mais il est temps de conclure.

 

 

Conclusion

 

Ce parcours met en évidence un certain nombre de paradoxes. Il montre l’ambivalence des religions, capables du meilleur et du pire, capables de radicaliser des conflits et d’accompagner des êtres humains vers une paix inaliénable. Paradoxe de leur caractère public et leur dangerosité politique. Séparées du politique pour vivre et ne pouvant pas vivre sans lui. Le politique nous est apparu lui aussi avec ses paradoxes. Il a ses responsabilités propres envers la paix, mais ne peut y répondre sans les religions. Il doit se protéger de la tendance hégémonique des religions et en même temps a besoin du trésor de sens qu’elles portent. Ainsi, que nous parlions du politique ou des religions, nous mettions en évidence le paradoxe d’une dépendance mutuelle et d’une nécessaire séparation.

 

Quant à la paix elle-même, nous avons dit combien elle était précieuse et fragile, combien elle sollicitait à la fois le politique et la religion. Elle nous est apparue comme une question trop sérieuse pour le laisser entre les mains des politiques et trop complexe pour le confier aux hommes religieux. C’est une question qui incombe à l’homme en tant que tel. Elle est la question humaine la plus publique de toutes mais elle nait au plus intime des êtres. Chaque être humain la désire, comme le disait Augustin : Nemo qui pacem habere nolit : « Il n’y a personne qui ne désire la paix », mais personne n’en a la maitrise. Chacun la veut mais elle ne se conquiert pas. On veut faire la paix mais elle se reçoit. Rien n’est plus intime que la paix et rien ne dépend autant de ses relations, au cosmos, à l’autre et à tous les autres. Et paradoxe suprême, rien n’est plus humain que la paix et rien n’est plus divin. Et si la paix était un autre nom de Dieu ? Et si la paix était un des beaux noms de Dieu ? Ne serait-il pas le « Prince de la Paix » ?

 

[1] Par exemple cette sourate : « Ceux qui croient, ceux qui pratiquent le judaïsme, ceux qui sont chrétiens ou sabéens, ceux qui croient en Dieu et au dernier jour, ceux qui font le bien ; voilà ceux là trouveront leur récompense auprès de leur Seigneur… ».

[2] Peter Berger, La religion dans la conscience moderne, Le centurion 1971.

[3] Peter Berger, Le ré-enchantement du monde, Bayard, 2001.

[4] Jean Pierre Chevènement La laïcité positive fait partie du message de l’Europe allocution prononcée à Strasbourg le 23 novembre 1997.

[5] dans sa résolution 217 A (III) du 10 décembre 1948,

[6] La lettre aux catholiques de France affirme « le caractère positif de la laïcité, non pas telle qu’elle a été à l’origine, lorsqu’elle se présentait comme une idéologie conquérante et anti-catholique, mais telle qu’elle est devenue après plus d’un siècle d’évolutions culturelles et politiques : un cadre institutionnel, et, en même temps, un état d’esprit qui aide à reconnaître la réalité du fait religieux, et spécialement du fait religieux chrétien, dans l’histoire de la société française ». Jean-Paul II lui-même disait que « le principe de laïcité, s’il est bien compris, appartient aussi à la doctrine sociale de l’Église. »

[7] Bauberot, Sept laïcités françaises, 2015.

[8] L’expression est de Régis Debray, dans son rapport de février 2002.

[9] Après les attentats de janvier 2015, dans le cadre de la grande mobilisation de la République, le président de la République française a demande un renforcement de cet enseignement.

[10] Des voies s’élèvent pour demander un autre traitement. Mohammed Arkoun souhaitait une faculté musulmane dans une faculté d’État. Eric Vinson…

[11] Ce colloque s’est tenu en 2013.

[12] Journée de jeune pour les chrétiens le dernier jour du Ramadan, le 4 décembre 2001 et second rassemblement à Assise le 24 janvier 2002, au cours duquel les participants élaboreront une charte pour la paix qui sera envoyée à tous les dirigeants de tous les pays de monde.

[13] L’internationalisation des échanges et des communications à la période moderne a obligé les nations à se doter d’instances internationales pour réguler cette paix entre les peuples et tenter de désamorcer les conflits. L’ONU en est une pièce maitresse. Hélas elle a été dépossédée pour une part de ses prérogatives originelles par la guerre froide et par le droit de véto au sein du Conseil de sécurité.

[14] La pax Romana désigne cette longue période du 1er et second siècle ap. JC pendant laquelle les peuples soumis vécurent dans une relative tranquillité.

[15]

[16] Laudato si, n°

[17] Etty Hillesum, Œuvres complètes, Gallimard.

[18] Etty Hillesum, Les écrits d’Etty Hillesum, Opus, Seuil, Prière du dimanche matin, le 12 juillet 1942, p. 679-680.

[19] Claire Ly, Revenue de l’enfer, Ed. de l’Atelier.

[20] Raimon Panikkar, Paix et désarmement culturel, Actes sud, spiritualité, 2008. p. 30.

[21] Bernard Cazeneuve, le discours de clôture des débats aux États généraux du christianisme organisés par La Vie dans la cathédrale de Strasbourg. Octobre 2015.

[22] Jürgen Habermas, « religion et sphère publique », Entre naturalisme et religion, les défis de la démocratie, NRF essais Gallimard. P. 182-183.

[23] Louis Massignon, la passion de Hallaj, 4 tomes, coll. Tel, Gallimard. Hallaj , mystique musulman est mort martyrisé, crucifié à Bagdad en 922.

[24] Christian de Chergé, L’invincible espérance, Bayard 1996, p. 309.