Dominique Santelli, La fraternité républicaine : histoire d’un mot, fin mot d’une histoire

LA FRATERNITE REPUBLICAINE :

HISTOIRE D’UN MOT, FIN MOT D’UNE HISTOIRE

Dominique Santelli

 

Cet article est fortement inspiré des articles de Mona Ozouf dans Les lieux de mémoire et dans le dictionnaire critique de la RF

 

La devise de la République française est une formule inscrite sur tous les frontons des bâtiments publics de France et en tête des actes officiels de la République : « Liberté, Égalité, Fraternité ». Avant de devenir officiellement la devise de la République française, en 1848, cette formule commence à s’imposer pendant la Révolution française. Elle est employée pour la première fois par Robespierre dans un discours de 1790.

Premier mot de la devise républicaine, la Liberté est défini dans la Déclaration des droits de l’Homme de 1793 :« La liberté est le pouvoir qui appartient à l’homme de faire tout ce qui ne nuit pas aux droits d’autrui ; elle a pour principe la nature ; pour règle la justice ; pour sauvegarde la loi ; sa limite morale est dans cette maxime : Ne fais pas à un autre ce que tu ne veux pas qu’il te soit fait. »

Le deuxième terme, l’Egalité, y est défini aussi : « Tous les hommes sont égaux par nature et devant la loi. » Selon la Déclaration des droits de l’homme de 1795 : « L’égalité consiste en ce que la loi est la même pour tous, soit qu’elle protège, soit qu’elle punisse. L’égalité n’admet aucune distinction de naissance, aucune hérédité de pouvoirs. »

Troisième élément de la devise de la République, la Fraternité est ainsi défini dans cette même Déclaration : « Ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fît ; faites constamment aux autres le bien que vous voudriez en recevoir ».

En 1848, dans le Manuel républicain des Droits de l’Homme et du Citoyen, Charles Renouvier résumait toute la philosophie du triptyque républicain :

« Les hommes naissent égaux en droits, c’est-à-dire qu’ils ne sauraient exercer naturellement de domination les uns sur les autres. La loi, dans la République, n’admet aucune distinction de naissance entre les citoyens, aucune hérédité de pouvoir. La loi est la même pour tous. » 

« S’il n’y avait signé que la liberté, l’inégalité irait toujours croissant et l’Etat périrait par l’aristocratie ; car les plus riches et les plus forts finiraient toujours par l’emporter sur les plus pauvres et les plus faibles. S’il n’y avait qu’égalité, le citoyen ne serait plus rien, ne pourrait plus rien par lui-même, la liberté serait détruite, et l’Etat périrait par la trop grande domination de tout le monde sur chacun. Mais la liberté et l’égalité réunies composeront une République parfaite, grâce à la fraternité. C’est la fraternité qui portera les citoyens réunis en Assemblée de représentants à concilier tous leurs droits, de manière à demeurer des hommes libres et à devenir, autant qu’il est possible, des égaux ».

 

Sur les frontons des édifices publics, sur les papiers officiels, dans les programmes d’EMC ils sont aujourd’hui partout ces 3 mots « liberté, égalité, fraternité »…mais les voit-on vraiment ? Scandée à de multiples reprises lors des manifestations en particulier celles en hommage aux victimes de Charlie Hebdo et de l’hyper Casher, la devise de la République française fait aujourd’hui partie intégrante de notre patrimoine national. Mais avant de se retrouver dans nos constitutions, de 1946 puis 1958, elle a longtemps été l’objet de débats, de retraits et autres contestations. Je vous propose un petit survol.

Histoire d’un mot…

Sans remonter aux esclaves grecs on peut faire débuter l’histoire de la devise à la période prérévolutionnaire. En effet ces trois mots étaient en vogue au XVIIIème siècle au milieu toutefois de beaucoup d’autres. La véritable naissance est le moment révolutionnaire de 1789 qui affectionne particulièrement les formules ternaires au premier rang desquellesla Nation, la Loi, le Roi ; Force Egalité, Justice ; Liberté, Sureté, Propriétéet donc Liberté, Egalité, Fraternitémais pas plus que les autres et pas bien assurée. On trouve souvent l’un des éléments de la triade sans l’autre sur les papiers de cette période. Ainsi peut-on lire Liberté, Unité, Egalitéou Liberté, Egalité, Justiceou Liberté, Raison, Egalité…On constate que si Liberté et Egalitévont souvent de pair Fraternitéapparaît plus rarement !

Le mot est absent des Cahiers de doléances rédigés au printemps 1789. Dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen adoptée le 26 aout 1789, la liberté et l’égalité sont posées comme droits seulement dès l’article 1er« les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit ». Il faut attendre le 14 juillet 1790 pour voir inscrit sur les drapeaux des soldats le mot de Fraternité.

La Fraternité apparaît donc le 14 juillet 1790, à Paris, avec la commémoration en grande pompe du premier anniversaire de la prise de la prise de la Bastille. Notre fête nationale du 14 juillet perpétue le souvenir de cette fête, qui, elle-même donc, commémorait la prise de la Bastille.

Pour des motifs divers, chacun dans le pays est désireux de clore la Révolution. Les députés, qui se sont depuis lors érigés en assemblée nationale constituante, ont beaucoup légiféré, modernisé les structures administratives et mis sur pied un projet de monarchie constitutionnelle. Le roi, son épouse et la cour s’en accommodent contraints et forcés.Il s’agit de célébrer ce grand moment d’unité retrouvée… Des fêtes civiques spontanées organisées çà et là dans les départements ont inspiré l’idée de cette grande fête d’union nationale aux députés de l’Assemblée constituante et au marquis de La Fayette, homme de confiance du roi. Les députés et les délégués de tous les départements que l’on appelle les «Fédérés» forment un immense cortège qui traverse la Seine et gagne la vaste esplanade du Champ-de-Mars. Dans les tribunes, sur les côtés de l’esplanade, on compte 260.000 Parisiens auxquels s’ajoutent une centaine de milliers de fédérés, rangés sous les bannières de leur département. La tribune royale est située à une extrémité du Champ-de-Mars, sous une haute tente. À l’autre extrémité, un arc de triomphe. Au centre de l’esplanade, Talleyrand, évêque d’Autun célèbre la messe sur l’autel de la patrie, entouré de 300 prêtres. Ensuite vient la prestation de serment. La Fayette, commandant de la garde nationale, prononce celui-ci le premier, au nom des gardes nationales fédérées : «Nous jurons de rester à jamais fidèles à la nation, à la loi et au roi, de maintenir de tout notre pouvoir la Constitution décrétée par l’Assemblée nationale et acceptée par le roi et de protéger conformément aux lois la sûreté des personnes et des propriétés, la circulation des grains et des subsistances dans l’intérieur du royaume, la prescription des contributions publiques sous quelque forme qu’elle existe, et de demeurer unis à tous les Français par les liens indissolubles de la fraternité». Après La Fayette, c’est au tour du président de l’Assemblée et du roi de prêter serment. Camille Desmoulins, dans son journal écrit à propos de cette fête : « après le serment surtout, ce fut un spectacle touchant de voir les soldats citoyens se précipiter dans les bras l’un de l’autre en se promettant, liberté, égalité, fraternité. » On peut rajouter l’habitude qui va être prise de se saluer comme « frères et amis » et celle de signer « salut et fraternité ».

L’auteur de la devise en tant que telle est pourtant Robespierre, qui dans son Discours sur l’organisation des gardes nationales du 18 décembre 1790 présenté à la Société des Amis de la Constitution de Versailles écrit que « les gardes nationales porteront sur leur poitrine ces mots gravés : LE PEUPLE FRANÇAIS, et, en dessous : LIBERTÉ, ÉGALITÉ, FRATERNITÉ. Les mêmes mots seront inscrits sur leurs drapeaux, qui porteront les trois couleurs de la nation ».En mai 1791, au club des Cordeliers, à la suite d’un discours du marquis de Girardin sur l’armée (le marquis avait affirmé que le peule français « veut pour base de sa constitution la justice et l’universelle fraternité »), les révolutionnaires expriment le souhait que chaque soldat français porte désormais sur le cœur une plaque avec ces trois mots : Liberté, Egalité, Fraternité.

Ainsi à propos de la garde nationale, La Fayette, Robespierre ou Desmoulins emploient le terme de fraternité – et pour les deux derniers elle est associée à la liberté et à l’égalité – parce que ce terme constitue le contrat social, c’est-à-dire l’acte par lequel les hommes s’organisent en société, forment un peuple au sens politique du terme, c’est-à-dire une nation.

Toutefois au fur et à mesure que la révolution avance ces souhaits sont difficiles à tenir. On reconnaît très vite qu’elle ne peut pas être pour tous et en particulier pour les traitres à la patrie comme les aristocrates qui ont fui la France. De plus elle semble ne pas couler de source révolutionnaire et semble devoir être mise en œuvre parfois de manière énergique comme en témoigne une autre expression à la mode « la fraternité ou la mort » !

Avec la chute de Robespierre en juillet 1794 (9 thermidor an II), la devise est ébranlée et pour cause ! Elle disparaît sous l’Empire et la Restauration, Napoléon lui préfèrant Liberté, Ordre public. Quant à la monarchie républicaine si elle s’approprie les couleurs du drapeau elle choisit comme devise en 1830 Ordre et Liberté.

Avec la révolution de 1848, la question du drapeau et de la devise ressurgit. Sur le drapeau tricolore, on accole alors une rosette rouge et on y écrit la devise mais les discussions vont bon train sur l’ordre des mots. La IIème République l’adopte comme devise officielle le 27 février 1848. Sa Constitution précise dans son article 4 que la République « a pour principe La Liberté, l’Egalité et la Fraternité. » Adoption de courte durée car avec la répression du mouvement ouvrier et le retour de l’Empire la devise est remise en question. Ce n’est que le 14 juillet 1880 que la Troisième République la reprend officiellement à son compte et, qu’elle figure sur les frontons des édifices publics, églises comprises parfois par la suite.

La Troisième République cesse d’exister le 10 juillet 1940. L’état français, dirigé par le maréchal Pétain, remplace la République française. Régime autoritaire aux teintes fascisantes, il met en place une Révolution nationale et adopte dès ses premiers jours une nouvelle devise : Travail, Famille, Patrie.

Il faut attendre le retour de la République et de la Constitution de la IVème République en 1946 repris dans l’article 2 de la Constitution de 1958 pour voir stipulé que « la devise de la République est Liberté, Égalité, Fraternité» et pour que la devise s’inscrive durablement dans l’histoire de la République française.

Le panorama ne serait pas complet si nous ne citions pas l’article 1er de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 inspiré fortement de la France: « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité »

Voilà pour le survol historique de ce que Pierre Leroux, un historien du XIXème siècle appelait « la sainte devise de nos pères ». Toutefois lorsqu’on essaie de faire l’historiographie de cette devise force est de constater que les parties ne sont pas égales ! Lorsqu’on essaie de reconstituer l’histoire de la triade, la fraternité, petite dernière, est aussi la parente pauvre, la moins usitée. On peut reconstituer une histoire de l’idée de liberté ou d’égalité. Il est beaucoup plus difficile de faire celle de la fraternité.

… Fin mot d’une histoire

 

Pourquoi son adjonction à ses sœurs ennemies a-t-il été si difficile ?  Car à l’évidence elle est d’un autre ordre. En effet si Liberté et Egalité sont de l’ordre des droits, la Fraternité est de l’ordre des devoirs, si Liberté et Egalité sont de l’ordre des statuts, la Fraternité est de l’ordre des liens, si Liberté et Egalité sont de l’ordre des contrats, la Fraternité est de l’ordre de l’harmonie, si Liberté et Egalité sont de l’ordre de l’individu, la Fraternité est de l’ordre de la communauté. Ordre charnel plus qu’intellectuel, religieux plus que juridique, spontané plus que réfléchi…

Il en existe d’ailleurs plusieurs interprétations et j’en veux pour preuve l’iconographie :cf Nora p 594. La première d’après Mona Ozouf est la « fraternité de rébellion » incarnée lors du Serment du Jeu de Paume. Cf. Serment du jeu de Paume de David : article Jacques André, l’assemblée des frères

Petit rappel historique d’un des épisodes les plus traités dans les manuels scolaires : chassés du lieu de leur séance les députés du 1/3 état se réfugient dans la salle du jeu de paume et jure de ne pas se séparer avant d’avoir voté une constitution. Le député Mirabeau lance alors aux gardes venus les déloger : « allez dire à ceux qui vous envoient que nous sommes ici par la volonté du peuple et que nous n’en sortirons que par la force des baïonnettes. » Regardons le tableau de David. Les bras droits des députés sont tendus à l’horizontale ; Bailly, maire de Paris est dressé au centre de la composition et pointe en désignant le ciel la constitution qui va venir. Mais ce n’est pas lui qui nous intéresse…Regardons les autres, les députés dans la salle qui prêtent serment. Chaque homme accomplit un double geste. Les bras, généralement le droit, convergent en un point, au centre de l’assemblée. Par ce geste chacun s’efface comme personne privée, s’abandonne au nouveau lien social dont le faisceau des bras en même temps qu’il l’instaure est le premier emblème. L’autre bras, le gauche enserre ou embrasse le plus proche : il tient la taille, entoure l’épaule…Ces hommes sont comme des frères, leur bras gauche affirme la fraternité, fraternité virile, inspirée de l’antique, où le geste du bras gauche vient adoucir celui du bras droit.

Que disent les textes que la Révolution consacre à la fraternité ? Mirabeau voit dès l’été 1789 dans la fraternité l’invention révolutionnaire majeure : « l’histoire n’a trop souvent raconté que les actions des bêtes féroces parmi lesquelles on distingue de loin en loin des héros ; il nous est permis d’espérer que nous commençons l’histoire des hommes, l’histoire des frères. »

Les textes sont nombreux à propos de cette fraternité révolutionnaire. Ils précisent de quelle fraternité il s’agit. Il s’agit d’une fraternité de combat contre le roi qui a déclaré le 23 juin que les délibérations du 1/3 état étaient illégales : « je vous ordonne, Messieurs, de vous séparer tout de suite ». Quand par exemple le 22 juin, les députés du Tiers sont rejoints par les députés du clergé, Bailly commente : « je vois avec peine que des frères d’un autre ordre manquent à cette auguste famille. ». L’archevêque de Bordeaux reprend alors : « Nous avons de bons frères qui ne sont pas ici ». Trois jours plus tard, quand une partie de la noblesse se rallie, un député déplore que leur conscience « ait retenue un grand nombre de nos frères ». Bailly le console en rappelant que trois jours auparavant, dans l’ordre du clergé, il « manquait aussi des frères » et promet : « Bientôt tous nos frères seront ici. » C’est encore Bailly qui prononce le mot de la fin : « Ce jour-ci rend la famille complète ».

Dans les premiers temps de la révolution française apparaît également un autre type de fraternité que l’on peut déceler dans les discours de l’Eglise patriote, celle partisane de la révolution. Dans les sermons des fêtes fédératives ou des baptêmes civiques le clergé patriote utilise le mot de fraternité chaque fois qu’il évoque l’Eglise primitive qu’il s’agit de faire revivre dans sa pureté première. Pour les curés patriotes, tout adversaire de la société issue de la révolution est un adversaire de l’Eglise primitive, Eglise de la fraternité. Je cite Mona Ozouf : « la doctrine de l’incarnation n’a pas créé la grandeur humaine, car depuis Adam les hommes sont des figures, tout imparfaites soient-elles, du Christ, elle l’a décisivement révélée. Elle apporte la preuve ultime, que Dieu s’est fait homme. Le versant humain c’est la fraternité, puisque la qualité du chrétien fait d’eux, en inscrivant en chacun la marque divine, des frères. »[1]

On sent bien que cette seconde fraternité issue des premiers temps de la Révolution est différente de celle du jeu de Paume car elle est non pas à inventer mais à retrouver. Mona Ozouf poursuit en expliquant que loin d’être volontaire, éprouvée par la construction commune de la Nation, elle est un don, immédiatement reçu de Dieu. Comme telle, elle n’est pour l’homme l’objet ni d’un contrat ni d’une conquête, mais d’un assentiment. A l’évidence elle précède la liberté et c’est elle aussi qui accouche de l’égalité. L’ordre de la devise alors ne serait pas le bon et il faudrait commencer par le véritable principe, le plus fécond des trois, capable d’engendrer les deux autres : la fraternité. C’est d’ailleurs ce que propose l’abbé Grégoire en septembre 1791 quand il déclare : « La religion nous apporte la fraternité, l’égalité et la liberté. »

Ainsi les débuts de la révolution mettent à jour deux fraternités : l’une, celle du jeu de Paume,  qui suit la liberté et l’égalité et qui est l’objet d’un pacte libre et l’autre qui les précède, comme la marque du divin.

Jean-Paul II, lors de son voyage en France en 1980 dans son homélie au Bourget fait une belle synthèse de ces origines de la fraternité : « On sait la place que l’idée de liberté, d’égalité et de fraternité tient dans votre culture, dans votre histoire. Au fond, ce sont là des idées chrétiennes. Je le dis tout en ayant bien conscience que ceux qui ont formulé ainsi, les premiers, cet idéal, ne se référaient pas à l’alliance de l’homme avec la sagesse éternelle. Mais ils voulaient agir pour l’homme. »

Les historiens et philosophes de la Révolution du XIXème siècle vont mettre en valeur tout particulièrement le principe de fraternité, protestation contre une humanité divisée en races et en classes. Pour Michelet la révolution est « l’époque unanime, l’époque sainte où la nation entière, sans connaître encore ou bien peu les oppositions de classe marche sous un drapeau fraternel ». Michelet présente alors la fraternité comme une invention de la révolution. Parlant de la fête de la Fédération il écrit : « toute division avait cessé, il n’y avait ni noblesse, ni bourgeoisie, ni peuple… »

Pour certains penseurs du XIXème siècle comme Michelet la fraternité est l’accomplissement-dépassement de la liberté et de l’égalité. Mais pour d’autres comme Louis Blanc elle est leur contestation. Michelet admet l’ordre de la devise républicaine comme le bon ordre : sans liberté et égalité pre existantes pas de fraternité. Pour Louis Blanc c’est la fraternité qui est première car elle ne vient pas de l’homme mais de dieu. Pour d’autres enfin comme Pierre Leroux il faut placer la fraternité au milieu des deux autres car elle relie les deux autres…

En guise de conclusion provisoire je ne résiste pas à vous lire un passage de la conclusion de Régis Debray, Le moment fraternitépage 334 : « L’hiver fut bien long… le retour de la belle saison impose à tout un chacun une petite cure de nous. Sortir de la naphtaline notre vieille dame humiliée, mais pas encore alitée, ne serait pas la pire façon, sous nos latitudes, d’affronter un avenir qui s’annonce carnassier ».

[1]Lieux de mémoire page 596